PEUGEOT 205 GTI DIMMA 180CV


Je pourrais une nouvelle fois vous vanter les mérites de la 205 GTI : mettre en avant ses qualités dynamiques, son moteur, son histoire, ou encore sa côte d’amour et reprendre tout ce que les journalistes spécialisés ont déjà publié. Mais j’ai décidé aujourd’hui de vous parler de l’histoire d’un modèle que peu de passionnés connaissent : La 205 GTI Dimma.
Alors oui, j’entends déjà tous les puristes crier au scandale, que le tuning c’est tabou et qu’on en viendra tous à bout ! Je sais que je n’arriverai pas à rassembler tout le monde autour de l’esthétique de cette voiture, mais évidemment tous les goûts sont dans la nature.
Ce que je vous présente dans cet article va au delà d’une simple modification de carrosserie de mauvais goût ou d’une préparation moteur avec du fil de fer, il s’agit ici d’un kit homologué par Automobiles Peugeot.

Suivez moi : je vous emmène à la découverte de la marque et de ce modèle unique en son genre.

DIMMA : Distribution Importation Michel Malherbe Association, est un préparateur Belge qui fut créé le 15 juin 1983 par Baudouin MICHEL et Patrick MALHERBE.
En 1984 lors de la sortie de la 205 GTI, M. MICHEL (ancien ingénieur son) entend développer son activité. Il élabore un kit large pour ce modèle voué à sauver la marque au lion.
Suite à une parution du travail de DIMMA dans le magazine “Auto Hebdo”, Jean BOILLOT directeur Peugeot, transmet le dossier à Jean TODT qui est à la tête du service compétition : Peugeot Talbot Sport. L’entreprise Belge sera invitée à Boulogne-Billancourt pour imaginer son avenir avec la direction. L’entrevue est très cordiale, Jean Todt propose d’équiper quelques voitures de ce kit large et en contrepartie il lui signe un contrat d’homologation routière. Une chance, qui se transformera en un énorme succès et une confiance inespérée pour la firme Belge.

L’histoire de la 205 Dimma de développement

Ce prototype de développement est unique : il eut la chance de traverser plusieurs continents pour mettre en avant tout le savoir faire du constructeur Belge en terme de personnalisation intérieure et extérieure. Il fut exposé au salon de Francfort, à Paris et aux Etats-Unis entre 1988 et 1989.
Son prix de vente de 320.000fr était supérieur à une 205 Turbo 16 qui était de “seulement” 290.000fr. Cela s’expliquait par la conception artisanale du kit carrosserie série 3000, les matériaux très haut de gamme choisis et son assemblage à la main.


L’histoire


Son histoire est singulière : ce châssis a servi, entre autres, au développement du moteur, des suspensions et de l’aérodynamique. Elle ne sera immatriculée qu’en 1989 soit deux ans après l’acquisition du châssis chez Peugeot, temps nécessaire à sa construction. Sur les photos d’époque, on peut remarquer l’évolution de la voiture avec l’apparition du becquet arrière par exemple.
Pendant ce temps, les ingénieurs ont roulé 35h sur l’Enfer Vert du Nürburgring pour parfaire ses réglages. Durant ces essais, la suspension arrière a dû être revue car elle arrivait en butée à partir de 200 km/h. Le tarage a donc été modifié pour encaisser l’appui aérodynamique généré par le becquet. Ce n’est pas la seule intervention qui sera faite : le pare-chocs est ajouré pour apporter de l’air à l’échangeur du compresseur, tout comme la deuxième entrée d’air au niveau de la jupe avant a été agrandie car elle ne permettait pas un refroidissement optimum. En s’approchant de plus près, on aperçoit des coups de disqueuse qui ont servi à agrandir cette partie. On ne retrouve évidemment pas ces marques sur les autres Dimma. Les modifications ne s’arrêtent pas là : le becquet arrière est lui aussi spécifique au développement, il a été modifié à la demande de Jean TODT pour la version de série.

La 205 sur le circuit du Nurburgring
La 205 sur le circuit de Hockenheim

205 Dimma : fiche technique


Maintenant que nous connaissons mieux son histoire, je vais aborder le sujet technique du modèle présenté : sa base repose sur un châssis de 205 GTI 1.9l de 1987, soit une des premières 130cv sorties d’usine, commandée directement auprès de la marque. Son moteur repose aussi sur une base de 1905cm3, il voit sa puissance augmenter grâce à l’arrivée d’un compresseur de la marque Sprintex réglé à 0.5 bars. Cette version atteint la puissance folle de 180cv, une belle performance pour une voiture qui dépasse à peine la tonne. Ci dessous, vous pourrez comparer la différence entre une carte grise de 205 GTI non modifiée (à gauche) et celle de la 205 Dimma présentée dans cet article (à droite). On peut voir que plusieurs lignes sont vides, le comble : elle n’est même pas enregistrée comme une 205 (voir D.3).

Lors des essais, le 0-100 km/h de la 205 Turbo16 sera battu par la 205 Dimma. Le patron du service compétition demande à ce que la puissance soit dégonflée à 165cv (0.36 bars) sur les modèles de série. Il lui paraissait inconcevable que les 205 Turbo16 série 200 (fleuron du lion), ayant servi à homologuer la version compétition, soient battues par cette Dimma.
Après toutes ces modifications, Jean TODT en prendra le volant pour constater de lui même les améliorations portées à ce modèle de développement. Au total ce seront 6 voitures qui seront produites et montées chez le constructeur Belge, reconnaissable au lion rouge arboré sur la calandre. Tous les autres kits seront montés dans le réseau ou chez des carrossiers indépendants.
Les trains roulants sont ceux d’origine, les jantes à déport reprennent le dessin de la version 1.6l et sont composées de 3 parties. Elles sont chaussées de pneumatiques de différentes tailles : à l’avant nous avons du 195/50/15 alors que sur l’essieu arrière nous avons du 205/50/15.


L’intérieur de la 205 Dimma


Après avoir fait le tour de l’extérieur, je vous invite à monter à bord pour y découvrir un intérieur soigneusement modifié avec des matériaux de qualité. Tout y a été revu : la sellerie, le tableau de bord, le ciel de toit, le coffre, les pare-soleil, les contre-portes. La facture de l’ensemble s’élève à 100.000 fr, une somme astronomique pour l’époque.
La direction a fait appel à la maison Belge “Carat Duchatelet” spécialiste dans l’habillage sur mesure des intérieurs automobile depuis 50 ans. Les sièges sont recouverts de cuir beige, ils sont chauffants (option indisponible au catalogue Peugeot de l’époque) et ils reprennent le même dessin qu’à l’origine.

Le volant est lui aussi recouvert du même cuir beige avec des surpiqûres réalisées à la main, le plastique du centre est peint en beige comme le reste de la partie basse du tableau de bord.
La partie haute est réalisée de manière artisanale et unique par Dimma. Elle reprend la forme de celui de la 205 Turbo 16 avec un revêtement en Alcantara. A droite, y est apposé la plaque numérotée du constructeur, certifiant le modèle. Les fonds de compteurs sont beige eux aussi, achetés chez Gutmann qui avait déjà développé cette partie. Les deux entités étant en bon terme, il paraissait inutile de créer une pièce déjà existante : c’est pour cela que les compteurs de la Dimma sont badgés Gutmann.
Le ciel de toit est recouvert d’un Alcantara bleu, les pare-soleils sont en cuir : ils arborent les mêmes surpiqûres que le volant et sont d’une précision chirurgicale.
Les contre-portes ont été développées sur mesure par l’ancien ingénieur en son. Comme on peut le voir sur les photos, elles arborent deux enceintes (une à chaque extrémité), un accoudoir spécifique qui intègre une option peu courante mais très originale : quatre range cassettes.

Le coffre n’est pas en reste, puisqu’il est recouvert intégralement de la même moquette beige que nous retrouvons dans le reste de l’habitacle. Une fois de plus le son est omniprésent, avec deux grosses enceintes, deux tweeters et un ampli intégré à la plage arrière, de quoi ravir les passagers.


Les Documents Dimma d’époque


Pour finir cet article en beauté, je vous propose de découvrir les documents d’époque que j’ai pu récolter auprès du propriétaire mais aussi sur Internet.


Remerciements


Merci à Maxime, son propriétaire, pour sa participation dans la rédaction de cet article. Cette histoire est si bien illustrée grâce aux documents fournis.

Merci à DimmaDesign.de pour certaines photos d’époque ;
Merci à DimmaDesignOfficial pour l’histoire de la marque.

Texte et photos GTIPowers : ADAM Jean-Pierre