L’aventure industrielle de Peugeot débuta en 1833, à Hérimoncourt, en Franche-Comté : l’Usine de Terre Blanche fût, au fil des époques, destinée à différentes activités. D’abord fabrique d’outillages à main, puis tour à tour fabrique de moulins à café et d’outillage mécanique, le site devient en 2010, sous l’impulsion du Groupe PSA, le Centre d’Archives des Marques Peugeot, Citroën et DS. Seulement ouvert aux chercheurs, nous avons eu la chance de pouvoir accéder, pour vous, aux coulisses du Centre d’Archives de Terre Blanche.
Conserver les souvenirs
Regrouper l’histoire industrielle de toute une Marque s’étendant sur plus de 200 ans, nécessite de la place et beaucoup de soin. Les 2 500 mètres carrés alloués à la conservation du patrimoine sont fractionnés en plusieurs salles correspondant chacune à une fonction particulière. Les 7 magasins d’archives ont chacun un environnement contrôlé en fonction des documents qu’il renferme.
Plus de 4 millions de tirages photos et autant de plans sont indexés et soigneusement conservés, représentant une richesse historique considérable : nous avons pu consulter celui du premier moteur à explosion et remarqué les traits fins réalisés à l’encre de Chine, ou même de la première automobile, sur cyanotype. Véritable mémoire vivante, le Centre d’Archives est, en terme de capacité et de kilomètres linéaires, dans le top 3 des établissements privés de conservation documentaire en France. Cette richesse attire des chercheurs du monde entier qui, une fois leur demande envoyée, doivent attendre un accord avant de se rendre en salle de consultation. Conserver les souvenirs est un premier objectif, les promouvoir en est un autre : les passionnés peuvent compter sur le travail de l’équipe de Terre Blanche pour l’organisation de portes ouvertes dans le cadre des journées du patrimoine, ou encore par la préparation d’expositions dans toute la France en fonction des besoins spécifiques.
Cela représente un patrimoine gigantesque composé de brochures commerciales, de photographies, et même de lettres originales signées dont la première remonte à 1802, mais aussi de dessins et autres croquis uniques au monde, dont des posters et d’anciennes affiches lithographiées, toutes dans un état de conservation remarquable. Pour les objets les plus abîmés, ils sont confiés à un restaurateur qui, comme pour une œuvre d’art, se charge de leur redonner un meilleur éclat.
Raconter l’histoire
Avec seulement 1% des documents numérisés, l’accès en ligne n’est pas pour tout de suite. « Mais on pense à partager davantage nos ressources », affirme Xavier Crespin, directeur de l’association Aventure Peugeot Citroën DS. Rassembler, organiser et sauvegarder les documents se rattachant à l’histoire des marques est un devoir historique, sinon un défi : chaque année, 200 mètres linéaires supplémentaires prennent place dans les étagères, provenant de rangements et d’optimisation des locaux PSA, ou bien de dons de particuliers. Ces objets aspirant à une retraite bien méritée, doivent être codifiés et indexés par mots clés avant d’être classés : ce processus permet d’écarter les éventuels doublons. Il revient aux équipes la lourde tâche de choisir ce qui est à garder pour promouvoir le patrimoine historique, et ce qui ne le sera pas.
Au fond, le hangar à l’échelle 1/1
Une autre richesse est la réserve d’automobiles du Musée de l’Aventure Peugeot, situé à Sochaux. Selon les expositions et pour varier les véhicules mis en valeur, une partie de ceux-ci est protégée et dort à l’abri des regards indiscrets. Sanglés sur leurs racks, concepts-cars et autres maquettes côtoient véhicules de série ou de compétition et sont tenus en état de marche. On remarquera les 205 de compétition discutant avec une 605 ou, plus loin, 404 et 203 voisines du coupé 407 Prologue. Un formidable témoignage de l’intérêt et de l’implication de toutes les équipes pour faire vivre le patrimoine automobile de la Marque, montrant que les anciens modèles ont autant d’importance que les nouveaux.
À Sochaux, sortent de chaînes les nouvelles 3008 représentant l’avenir automobile de la Marque. À quelques kilomètres de là, à Hérimoncourt, s’est écrite une partie de l’histoire du Lion. Mais ce passé n’est pas délaissé. Il est, au contraire, remis au devant de la scène documentaire et se veut le témoignage des avancées industrielles, et de la genèse de la Marque. Pour Peugeot, sa bibliothèque d’Alexandrie est à Hérimoncourt : unique en son genre, ce lieu renferme des mystères, qui nous ont étonné lors de notre visite. Des photographies sur plaques de verre qui ont un siècle jusqu’aux bobines des premiers films, chaque portion raconte une partie de l’histoire du Lion. De Terre Blanche, nous garderons un souvenir tout aussi impérissable que ses richesses dissimulées, et nous tenons à remercier l’Aventure Peugeot Citroën DS de nous avoir ouvert les portes de ce lieu touchant, témoin et gardien du temps.
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